La loi des séries...

Thorgal, Valérian, Adèle Blanc-Sec, Jessica Blandy, oserais-je rajouter Blueberry, sans parler de Lucky Luke ou Astérix... Tous ces monuments qui s'écroulent... Si certaines "chutes" s'expliquent, notamment Astérix qui perdant son papa perd du même coup sa finesse, ou encore Lucky Luke, d'autres restent inexpliquées...

	Que dire de Valérian sinon que l'apocalypse de 1986 prenait, avec la lecture de l'album suivant, une signification plus profonde, je me souviens encore du drame... Le plaisir éprouvé par la lecture du doublon "Les spectres d'Inverloch" et "Les foudres d'Hypsis" laissait à l'esprit une douce impression de bonheur, je me disais que la série pouvait s'arrêter là sans que cela ne m'attriste, tant la série avait atteint des sommets, comme si je percevais inconsciemment l'avenir... Comme si cela ne suffisait pas, et pour attendre l'album suivant, je relisais ces deux chapitres, mais aussi d'autres albums qui prenaient une saveur nouvelle, "La cité des eaux mouvantes" renaissait sous mes yeux... MAIS le bonheur se brisa un jour de septembre 1988, "Sur les frontières", un album qui avec le recul ne m'apparaît plus aussi dramatique, me plongea dans une angoisse sans nom (peut-être un peu moins que ça tout de même...). Cet album que j'ai mis beaucoup de temps à relire n'était que le début d'un long calvaire, je tentais toutefois de me rassurer en pensant que c'était un album de transition, qu'il fallait laisser la série rebondir... L'appréhension qui me fit tarder à acheter "Les armes vivantes" se trouva renforcée après sa lecture (à mon avis le plus mauvais album de toute la série...). Le fait était désormais établi : La série Valérian devait s'arrêter, et s'arrêtait pour moi, avec le tome 12. Depuis, la lecture des nouveaux tomes s'apparente pour moi à un pélerinage, quelquefois heureux d'autres fois moins.
	Thorgal semble prendre un chemin tout aussi problématique, après des albums extraordinaires et malgré quelques tomes de moindre qualité (en comparaison évidemment), la série avait cette harmonie rare doublée d'une certaine montée en puissance qualitative, mais "La cage" est arrivée et avec elle ces désillusions déjà vécues... Que penser en voyant le dessin, quant au scénario... Et cette fois pas question de se dire encore, c'est parce que... Adèle Blanc-Sec à rejoint le rang également et le dernier épisode ne m'a laissé pour souvenir qu'un goût de déjà vécu, comme si je m'étais résigné à ces chutes..., Jessica Blandy quoique jeune et prometteuse me paraît déjà vasciller... Quant à Blueberry j'hésite encore, la magie est là, mais comme endormie.Je pourrais rajouter "Le vagabond des limbes" ou encore... mais à quoi bon se torturer, il faut continuer à espérer et ne pas abandonner sauf cas de force majeure (Astérix m'apparaît devenu totalement et définitivement illisible...).

Il n'y a ici que le reflet d'une amertume, si certains y voient une critique haineuse, facile et non fondée, ils se trompent... Il n'a pas été facile d'admettre le déclin de Valérian, c'est aussi une manière de se rendre compte à quel point faire une BD excellente est difficile et comme il est manifestement impossible de se maintenir aux sommets.

Pour finir sur une note positive, le bon Jeremiah est venu récemment me réconforter et me faire oublier ces quelques méchantes pensées... Merci Monsieur Hermann.