Bibérophilie - Saison 8 - 03 - Novembre 2011

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1 - L'infatigable ROBERT

2 - Mars et Vénus

3 - Le coin du chercheur

4 - Nouvelles du site

5 - Ventes d'octobre

Echanges - Collections - Liens - Archives - S8-03


1 - L'infatigable Robert

On connait bien l'insatiable appétit d'Edouard Robert pour les récompenses les plus diverses (cf. fin de lettre ci-dessous). On sait aussi que toujours insatisfait, il  n'hésite pas, lorsque cela peut s'avérer profitable pour son commerce, à embellir une réalité qui parfois se mue en fiction véritable. A ce propos, on pourra se reporter aux six premiers bulletins de la Saison 6, dans lesquels le nom de Robert apparait régulièrement au travers d'affaires judiciaires.

Pour l'heure, il s'agit d'une demande afin d'obtenir rien moins que la légion d'honneur ; demande effectuée au lendemain de l'Exposition Universelle de Melbourne...

 

Lettre accompagnant la demande de légion d'honneur par E. Robert (1881) :

"J’ai inventé le BIBERON-ROBERT» en 1868 et le fit breveter le 12 septembre de la même année. A cette époque la France était inondée de biberons anglais, défectueux et mal combinés, montés de caoutchouc impurs, c’est à dire mélangés de blanc de zinc qui empoisonnait la moitié des nouveau-nés.

A cette époque, il se vendait en France trois cent mille des dits biberons anglais. Aujourd’hui la vente en est complètement annulée et est remplacée par le BIBERON-ROBERT qui atteint un chiffre de vente annuelle de six cent mille, tant en France qu’à l’étranger.

En 1873 le Docteur MOREAU, médecin en chef des Hospices de Sens et inspecteur des enfants assistés de la Ville de Paris, fit un rapport et un certificat que j’ai entre les mains attestant que depuis l’emploi du BIBERON-ROBERT, les cas de mortalités avaient diminués de 10% et j’ai encore quantité de certificats semblables émanant de docteurs compétents et dont la dénomination serait trop longue.

En 1877, une pétition signée d’un grand nombre de docteurs en médecine, fut adressée à l’Assemblée Nationale, demandant que les résultats obtenus par l’emploi du BIBERON ROBERT, son usage fut rendu obligatoire dans les crèches, maternelles et hospices. Cette position fut prise en considération et remise à une Commission composée de docteurs et députés qui l’approuvèrent et en votèrent le renvoi à Monsieur le Ministre de l’intérieur (voir J.O. du 23 juin 1877).

Quelque temps après plusieurs médecins adressèrent une nouvelle pétition demandant pour moi la décoration de la Légion d’Honneur à Monsieur le Ministre du Commerce.

J’ai obtenu une médaille d’Honneur à l’Exposition de Paris pour l’enfance en 1873 et deux médailles de la Sté Protectrice de l’enfance de Marseille (1874-1878). Une médaille à l’exposition de Paris en 1875 e une à l’exposition de Bruxelles en 1876 ; une médaille d’or à l’exposition de Bruxelles en 1880, une médaille de l’Académie Nationale, une de la Société d’Encouragement national et enfin une première médaille de mérite à l’Exposition de Melbourne en 1880."

L'Exposition internationale de Melbourne (Melbourne International Exhibition) s'est tenue du 1er octobre 1880 au 30 avril 1881. Ce fut la deuxième exposition en Australie, la première ayant eu lieu l'année précédente à Sydney.

Cette exposition attira 1 459 000 visiteurs mais clôtura sur une perte de 277 292 Livres sterling...

Image : Publicité pour le biberon Robert-Flexible - Circa 1880


2 - Mars et Vénus
 

Derrière ce titre peut-être énigmatique pour certains, se cache une réalité très palpable au XIXème siècle et "parfois" encore aujourd'hui : l'approche très différente qu'ont les hommes et le femmes sur le même sujet. Ici, bien sûr, il est question d'allaitement et plus précisément d'allaitement dit "étranger".

Dans le premier cas, il, s'agit d'un certain P.-F. Leplanquais (rien à voir avec son homonyme fabriquant de biberons) qui dans un petit ouvrage qu'il veut " à la portée de tous", sous-entendu "même des femmes", nous propose une caricature très masculine de la situation. On pourra autant que faire se peut replacer cela dans le contexte de la deuxième moitié du XIXème, mais on reste néanmoins ici en présence d'un modèle du genre... L'offrir à Madame Elisabeth Badinter et attendre... (cf. lien ci-dessous)

Je me suis amusé à mettre en parallèle, une approche féminine du même sujet. Ermance Dufaux de la Jonchère, pourtant disciple de Bouchut, présente les choses un peu différemment. Les deux ouvrages forment un bel ensemble à lire de concert évidemment...

     
 

Les mères qui éloignent d’elles leurs enfants, en les livrant à des étrangères, brisent ainsi ce lien si doux d’affection, d’amour, dont la nature se sert pour attacher l’âme des enfants à celle des parents, ou du moins l’affaiblissent, le relâchent étrangement, car, dès que leurs yeux ne reconnaissent plus cette petite créature qu’elles ont exilée, elles sentent s’amortir et s’éteindre ce sentiment d’amour maternel dont rien, dans le coeur des bonnes mères, ne peut arrêter l’énergie.

Elles n’entendent, ne comprennent plus ces murmures toujours croissants d’inquiétude, de tendresse, et le souvenir d’un enfant donné à la nourrice s’effacera bien souvent de leur coeur. La nature offensée ne tarde pas à se venger ; l’enfant, de son côté, ne reconnait que le sein qui l’allaite : sentiments, affections, caresses, il donne tout à sa nourrice.

P.-F. Leplanquais, 1869 pp 50-51

 
 

Cependant la mère qui se sent impuissante à nourrir et qui ne cède réellement qu’à l’intérêt de l’enfant aurait tort de prendre trop à la lettre les textes éloquents de certains auteurs. Emportés par un sujet entrainant, ils se sont retranchés dans un absolu qui les tient en dehors de la simple vérité, toujours assujettie à des restrictions.

Il n’est pas exact de dire : « L’enfant ne connait que le sein qui l’allaite ». L’enfant connait tout aussi bien la femme qui le soigne que celle qui le nourrit. Ce qu’il aime, ce qu’il cherche, c’est la voix caressante qui le console, ce sont les bras affectueux qui le bercent et le promène. [...] Que la mère qui ne nourrit pas enlève à la nourrice cette partie de la tâche, et l’enfant, sitôt repu, quittera l’une pour demander à l’autre ce qu’il est coutumier d’en recevoir, réservant pour elle ces sourires, ces caresses, ces gazouillements par lesquels il quémande et reconnaît les soins qu’il est en droit d’attendre.

Ermance Dufaux de la Jonchère 1886 p 449

     
A lire : Elisabeth Badinter, "Le Conflit- la femme et la mère", Flammarion, Paris, 2010
A voir et écouter : Interview d'Elisabeth Badinter sur France Inter  : http://dai.ly/eJkO5y

3 - Le coin du chercheur
 

En dehors des poteries régionales qui, par nature, sont produites en province, tous les fabricants de la fin du XIXème, ou presque, ont leur siège et/ou manufacture à Paris. Ce n'était pourtant pas le cas lorsque dans les années 1860, le méplat à pans commence à monopoliser le marché et remplace du même coup les premiers modèles, eux-mêmes fabriqués à Paris pour la plupart. Les fabricants les plus célèbres de cette époque (Robert, Grandjean, Monchovaut...) ne se sont implantés que tardivement à Paris (flèches noires sur la carte).

On note ainsi, dans la deuxième moitié XIXème, une forte présence industrielle au Nord et à l'Est, alors que l'Ouest et le Sud présentent principalement quelques spécimens artisanaux (bois et poterie)... On peut rapprocher cette répartition avec celle, plus large, à l'échelle européenne pour les premiers biberons évoqués ici par J. Raulin :

"Les Seigneurs & les Bourgeois tant en Angleterre qu’en Hollande en Allemagne en Suisse & ailleurs se servent pour leurs enfans de biberons d’argent, d’étain, de bois, de verre. Ceux d’argent & d’étain sont en façon de burettes ou de théières ; on garnit l’orifice du bec ou d’un bouchon de liège qu’on perce dans sa longueur pour y tenir un petit tuyau de verre par où le lait coule dans la bouche de l’enfant ou de parchemin selon la méthode des Suisses & des Anglois."

Raulin (J.), "Traité de la conservation des enfants ou moyen de les fortifier, de les préserver et de les guérir dans leurs différentes maladies", Didot le jeune, Paris, 1768-1769

Angleterre, Hollande, Allemagne, Suisse... Pays au Nord et à l'Est de la France qui encerclent presque parfaitement les fabriques industrielles pointées en rouge sur la carte ci-dessous...



Petit tour de France de quelques modèles produits hors de la capitale
Deuxième moitié du XIXème siècle


 

Ar : Pot à bec - Ariège - Bois 1

Ba : Pot à bec - Basque (Basses-Pyrénées) - Poterie 2

Pe : Pot à bec - Périgeux (Dordogne) - Poterie 3

C : Flacon double ouverture - Cambrais (Nord) - Verre 4

B : Bizolaine - Beauvais (Oise) - Poterie

P : Pod Bronnek - Quimper (Finistère) - Poterie

O : Pot à bec - Orléans (Loiret) - Poterie

S : Salmon à Chartres (Eure-et-Loir) - Etain

J : Joseph à Cognac (Charente) - Fer blanc

R : Robert à Dijon (Côte d'Or) - Méplat à pans

G : Grandjean à Sauvigny sur Meuse (Meuse) - Méplat à pans

M : Monchovaut à Laon (Aisne) - Méplat à pans

Le : Lelièvre à Caen (Calvados) - Flacon

L : Laroche à Rochefort sur Mer (Charente inférieure) - Méplat à pans

A : Allouard à Lyon (Rhône) - Flacon

D : E. Defer à Vecqeville (Hte-Marne) - Nourricier

 

1 - 2 - 3 : d'après LANDRIN (F.), "L'exposition de l'élevage de l'enfance" in La Nature, Paris, Premier semestre, 1890, p. 325
4 : d'après DUFAUX DE LA JONCHERE (Ermance), "L'enfant, Hygiène et soins maternels", Garnier Frères, Paris, 1886, p. 509


 


4 - Nouvelles du site
 
A - Biberon limande tardive

 

On ne présente plus ces modèles de limandes produites entre 1880 et 1890. On les trouve chez tous les fabricants de l'époque (Grandjean, Robert, Geny, Fafournoux, Conor...). Elles ont assuré la transition entre les modèles limandes classiques ou  ceux à long tuyaux et le nourricier qui apparait au début des années 1890.

Pour un tour d'horizon plus complet n'hésitez pas à jeter un oeil sur la page qu'il leur est dédiée :

Limandes et limandes tardives de la fin du XIXème

Biberon limande Merveilleux LAROCHE en verre moulé. Avec soupape ventrale extérieure fixe et large goulot droit à pas de vis pourvu d'un bouchon de verre percé d'un trou destiné à recevoir une tétine.

H : 130 mm - Cont. : 150/200 ml

 

B - Biberon méplat à pans à bouchon de cristal rodé  

  Voilà un classique méplat à pans dont l'intérêt réside dans le bouchon qui le coiffe. En effet, si on le trouve assez facilement avec un bouchon de liège et son goulot lisse, ce Monchovaut est nettement plus rare accompagné de son bouchon en cristal et col rodé.

Biberon méplat à pans en verre moulé à large goulot droit ourlé rodé pour recevoir un bouchon en cristal.

MONCHOVAUT inscrit dans la masse sur les deux pans et Biberon pompe avec graduation sur une face - gradué sur l'autre et 2 sur le dessous.

MONCHOVAUT Paris inscrit sur le bouchon

H : 160 mm

Référence n°467 du feuillet G. Huclin

 

Artisanat XIXe

Date Type Marque - Modèle Plus value / moins value Prix
06/10/2011 Biberon balustre en étain L. Collenot (?)   264,50 €
17/10/2011 Biberon limande Sans bec   28,50 €
23/10/2011 Tasse à nourrisson/malade argent Boyer & Callot Petite taille  239,00 €
27/10/2011 Pod Bronnek     162,00 €

Verre industriel XIXe - XXe

Date Type Marque - Modèle Plus value / moins value Prix
07/10/2011 Biberon nourricier Robert Perf.   36,00 €
21/10/2011 Biberon (?) flasque Verre ouraline   26,00 €
21/10/2011 Biberon (?) flasque     14,00 €
25/10/2011 Biberon méplat à pans Robert à Dijon Bouchon cristal Monchovaut 45,00 €

Moulés et sérigraphiés XXe

Date Type Marque - Modèle Plus value / moins value Prix
15/10/2011 Biberon sérigraphié vert Pyrex / CHR Nantes Modèle d'hôpital 25,50 €
24/10/2011 Biberon droit en verre moulé Assistenza Baliatica Assistenza Baliatica Parma 7,50 €

Documents et divers

Date Type Marque - Modèle Plus value / moins value Prix
13/10/2011 CPA Pod Bronnek   9,00 €
15/10/2011 Livret publicitaire Conseils mères Apard   6,50 €
16/10/2011 Traité de puériculture P.-F. Leplanquais 1869 - 1ère édition 100,00 €

A bientôt

LudoGrid

postmaster@histoire-du-biberon.com