2 - Mars et Vénus
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Derrière ce
titre peut-être énigmatique pour certains, se cache une réalité très
palpable au XIXème siècle et "parfois" encore aujourd'hui :
l'approche très différente qu'ont les hommes et le femmes sur le
même sujet. Ici, bien sûr, il est question d'allaitement et plus
précisément d'allaitement dit "étranger".
Dans le premier
cas, il, s'agit d'un certain P.-F. Leplanquais (rien à voir avec son
homonyme fabriquant de biberons) qui dans un petit ouvrage qu'il
veut " à la portée de tous", sous-entendu "même des femmes", nous
propose une caricature très masculine de la situation. On pourra
autant que faire se peut replacer cela dans le contexte de la
deuxième moitié du XIXème, mais on reste néanmoins ici en présence d'un modèle du
genre... L'offrir à Madame Elisabeth Badinter et attendre... (cf.
lien ci-dessous)
Je me suis amusé
à mettre en parallèle, une approche féminine du même sujet. Ermance
Dufaux de la Jonchère, pourtant disciple de Bouchut, présente les
choses un peu différemment. Les deux
ouvrages forment un bel ensemble à lire de concert évidemment... |
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Les mères qui éloignent
d’elles leurs enfants, en les livrant à des étrangères, brisent
ainsi ce lien si doux d’affection, d’amour, dont la nature se
sert pour attacher l’âme des enfants à celle des parents, ou du
moins l’affaiblissent, le relâchent étrangement, car, dès que
leurs yeux ne reconnaissent plus cette petite créature qu’elles
ont exilée, elles sentent s’amortir et s’éteindre ce sentiment
d’amour maternel dont rien, dans le coeur des bonnes mères, ne
peut arrêter l’énergie.
Elles n’entendent, ne
comprennent plus ces murmures toujours croissants d’inquiétude,
de tendresse, et le souvenir d’un enfant donné à la nourrice
s’effacera bien souvent de leur coeur. La nature offensée ne
tarde pas à se venger ; l’enfant, de son côté, ne reconnait
que le sein qui l’allaite : sentiments, affections,
caresses, il donne tout à sa nourrice.
P.-F.
Leplanquais, 1869 pp 50-51 |
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Cependant la mère qui se
sent impuissante à nourrir et qui ne cède réellement qu’à
l’intérêt de l’enfant aurait tort de prendre trop à la lettre
les textes éloquents de certains auteurs. Emportés par un sujet
entrainant, ils se sont retranchés dans un absolu qui les tient
en dehors de la simple vérité, toujours assujettie à des
restrictions.
Il n’est pas exact de dire :
« L’enfant ne connait que le sein qui l’allaite ».
L’enfant connait tout aussi bien la femme qui le soigne que
celle qui le nourrit. Ce qu’il aime, ce qu’il cherche, c’est la
voix caressante qui le console, ce sont les bras affectueux qui
le bercent et le promène. [...] Que la mère qui ne nourrit pas
enlève à la nourrice cette partie de la tâche, et l’enfant,
sitôt repu, quittera l’une pour demander à l’autre ce qu’il est
coutumier d’en recevoir, réservant pour elle ces sourires, ces
caresses, ces gazouillements par lesquels il quémande et
reconnaît les soins qu’il est en droit d’attendre.
Ermance Dufaux
de la Jonchère 1886 p 449 |
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A lire :
Elisabeth Badinter, "Le Conflit-
la femme et la mère", Flammarion, Paris, 2010 |
A voir et
écouter :
Interview d'Elisabeth Badinter sur France Inter
:
http://dai.ly/eJkO5y |
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