2 - Ouvrage de référence
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LASSERRE
(Jérôme), "Manuel du père de famille, ou Nouvelles
méthodes de l'allaitement artificiel, et de faire prendre aux enfans,
et même aux adultes, les liquides dans certains cas",
P. Noubel, Agen, 1822 |
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Document de tout
premier ordre que ce petit ouvrage de 57 pages et planches Il
propose un biberon tout à fait original et fort moderne pour
l'époque qui trouve place entre les
cornues de Baldini et Smith et le biberon de Mme Breton. L'ustensile
de la célèbre sage-femme ne sera déposé que deux années plus tard en
1824... Evidemment inspiré par les modèles en étain (ou en bois) de
forme balustre sur piédouche des XVIIème et XVIIIème siècles, il
s'en écarte sur de nombreux points comme il sera vu plus loin.
Ce modèle
aura-t-il été produit comme son inventeur le souhaite ? Difficile à
dire... En tous cas, même si l'on peut être certain qu'au moins
quelques exemplaires ont vu le jour, ne serait-ce que dans
l'entourage de Lasserre, ce biberon a très clairement inspiré celui
de Madame Breton. On est loin des bouteilles à longs cols
artisanales ou des cornues évoquées de la fin du XVIIIème siècle.
On trouve
ce qui est probablement l'une des premières soupapes, bien que
celle-ci soit située sous l'appareil. Ce biberon présente également un système plus
"moderne" de bouchon tétine, qui reste pourtant
assez complexe à "fabriquer" lorsque l'on connait les usages
domestiques de l'époque... L'utilisation de l'éponge, ici justifiée, sera
vite abandonnée dans les premiers biberons de marque : Breton, Darbo, Thier,
ou Duquesnoy...
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Description
(pages 18 à 22) :
Mesures
utilisées
:
une
ligne
®
+/- 2,25 mm - un pouce
®
+/- 2,7 cm
"Mon
procédé se pratique au moyen d'une bouteille, dont on voit la
forme dans la planche 1, figure 1, que j'ai moi-même fait
exécuter. Cet instrument se divise en pied, en jambe, en ventre
et en col ; le pied (a) représente un piédestal, comme le
gobelet des francs-maçons, plat ou un peu concave à la face
inférieure et légèrement convexe à la face supérieure, ayant un,
diamètre d'environ deux pouces. la jambe (b) doit avoir, environ
neuf lignes de long, et être un peu moins grosse que le col ; le
ventre (c) a une figure ovoïde, sa capacité ou grosseur plus ou
moins grande doit pouvoir contenir au moins de quatre à six
onces de liquide ; la grosse extrémité de l'ovale est du côté du
pied, et la petite se termine au col ; le col (d) doit avoir un
pouce de long ; l'ouverture du goulot (e) doit avoir de six à
sept lignes de diamètre, ni plus ni moins ; il faut aussi
qu'elle ait une autre ouverture (f) au milieu du piédestal qui
réponde à la jambe et à son corps ; il faut que cette ouverture
soit petite d'une ligne ou une ligne et demi de diamètre au plus
; comme cette ouverture n'est que pour le passage de l'air, qui
doit aller remplacer le lait retiré par la succion, il serait à
désirer qu'on put la faire plus petite. L'une et l'autre
ouverture, seront exactement rondes ; celle du col passée à
l'émeri ; on pourra y ajouter un bouchon en verre. Pour celle du
pied on pourra la boucher avec une plume ou fosset en ivoire ou
en buis.
Cette
bouteille doit être forte, ayant un cercle près de l'ouverture
du col qui la rendra plus solide, fabriquée en verre blanc,
émerillée au goulot et taillée au pied. Pour compléter cet
instrument et rendre le mamelon propre et agréable, j'ai fait
construire des tuyaux de la même matière, figure 2, que je
divise en tête, col, lentille, corps et jambe. La tête (g) doit
avoir la figure d'un pois légèrement aplati, de quatre lignes de
diamètre, percée d'un trou d'une ligne de diamètre ; le col (h)
doit avoir cinq ou six lignes de long et être assez déprimé pour
retenir les fils qui attachent l'éponge et la mousseline dont on
doit former le mamelon ; la lentille, (i) placée entre le col et
le corps, doit avoir un diamètre de douze à quatorze lignes ;
elle a pour usage d'empêcher que le mamelon ne s'enfonce trop
dans la bouche de l'enfant ; le corps (k) est séparé de la jambe
par un petit cercle, il doit avoir demi pouce de long ; la jambe
(l) s'étend depuis le petit cercle et termine le tuyau, elle
doit avoir un pouce de long et être de la même grosseur que le
corps. La jambe doit être émerillée pour bien s'adapter au
goulot de la bouteille comme un bouchon à flacon. Tout le tuyau
ne doit avoir que deux pouces ou deux pouces et demi de long.
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Le mamelon
(m) est fait d'épongé fine (on la rendra insipide en la faisant
tremper pendant vingt-quatre heures dans une lessive alkaline, en la
lavant bien ensuite avec de l'eau fraîche) ; on la coupe de la
longueur de trois quarts de pouce ; on la taille avec les ciseaux en
forme de mamelon et d'un volume semblable au mamelon naturel ; on en
fend avec les ciseaux de l'étendue d'environ quatre lignes à un bout
; on arrondit l'extrémité opposée ; on place la tête du tuyau dans
la fente de l'éponge, et les deux lambeaux qui résultent de cette
fente servent à les fixer au collet du tuyau à l'aide d'un fil ; on
recouvre ce mamelon artificiel avec de la mousseline claire qu'on
fixe aussi avec un fil au collet du tuyau. Je préfère la mousseline
au mamelon de vache, à la peau de mouton ou au parchemin (voyez :
Baudelocque, pag. 3011),
comme moins susceptible de contracter une mauvaise odeur par
l'humidité ou de subir l'altération putride à laquelle on sait que
ces dernières substances sont très disposées, ce qui ne manque pas
de dégoûter l'enfant.
La bouteille
à allaitement ainsi disposée doit recevoir avec juste raison le nom
de mamelle artificielle, puisqu'elle est destinée à remplacer la
mamelle naturelle ; dans le cours de mon ouvrage je lui donnerai
indifféremment le nom de bouteille à allaitement ou de mamelle
artificielle comme synonymes.
On pourrait
construire cet instrument en faïence, fer-blanc, argent, etc...
(voyez :
Baudelocque, pag.301 qui en expose le danger
[En fait page 315]) ; mais
indépendamment du danger que présentent quelques-unes de ces
substances, je défie qu'on puisse les tenir bien propres.
D'ailleurs, avec des mamelles opaques, on ne voit pas la quantité de
lait que l'enfant prend. Le verre est donc préférable à tous égards
à cause de sa transparence et de la facilité qu'il y a de le tenir
propre, quoiqu'il soit fragile. M. Smith regarde son pot comme
avantageux par l'agrément qu'il procure aux enfans, qui s'en amusent
; ce même avantage peut se trouver avec la mamelle artificielle, qui
réunit d'ailleurs tous les autres avantages ; on n'aura pour cela
qu'à l'orner de quelque chose dont ils puissent se divertir pendant
la succion, comme ils le fait ordinairement au sein d'une nourrice.
Entre autres avantages de cette bouteille, on doit considérer celui
de pouvoir être présentée à l'enfant en différents sens,
horizontalement ou perpendiculairement, sans l'arroser d'une seule
goutte de lait. J'ai cru tous ces détails nécessaires pour ne rien
laisser à désirer sur cet objet." |
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1 -
BAUDELOQUE (Jean Louis), Principes sur l'art des accouchemens, par
demandes et réponses, en faveur des sages-femmes de la campagne,
Méquignon l'Aîné, Paris, 1787. |
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