Dans l'histoire du biberon, certains noms sont "mythiques", Baldini,  Smith, Betsky et Lasserre ont été les premiers à proposer un ustensile dédié à l'allaitement artificiel des tout-petits. Ces précurseurs préconisent tous l'utilisation du verre. Entre 1786 et 1820, ce sont donc quatre modèles, deux cornues pour Baldini et Smith et un biberon sur pied pour Lasserre, qui voient le jour. Ces appareils, introuvables aujourd'hui, nous sont décrits, parfois avec gravures, dans quelques rares ouvrages. Le biberon de Baldini est présent dans son livre "Manière d'élever les enfans à la main" et dans le collectif "Bibliothèque physico-économique, instructive et amusante" et celui de Lasserre dans son "Manuel du père de famille". Concernant le "pot" de Smith, je connaissais la description qu'Underwood en faisait dans son "traité des maladies des enfans", mais n'avais pas encore mis la main sur son propre ouvrage, voilà qui est fait. Un seul petit regret, aucune gravure ne vient illustrer le texte de présentation... Reste à présent à dénicher le Betsky...

Il ne manque donc plus pour completter notre systême d'allaitement, que d'indiquer un moyen de suppléer au téton, de manière cependant que l'enfant ait toujours de la peine pour obtenir sa subsistance ; cet expédient est le seul qui puisse sauver les erreurs dans les quantités des alimens.

J'ai vu quelques inventions de cette espèce : c'est du parchemin ou de la peau adaptée à l'extrémité d'une corne ; l'idée m'en a paru ingénieuse et susceptible de perfectionnement. Les hollandaises, quand elles voyagent, ont un petit vaisseau d'étain en forme de corne, rempli de lait, dont l'ajutage se termine par une éponge couverte de toile. Cet instrument leur sert souvent de téton artificiel, car il est bon d'observer que les hollandaises ne donnent jamais le sein devant des étrangers.

Nous avons pleinement démontré que la nourriture des enfans, particulièrement dans les premiers mois, doit, d'après les vues de la nature, être liquide ; je ne puis donc faire aucune objection contre ces inventions. Je vais même donner la description d'un pot au lait que j'ai fait faire pour allaiter les enfans : toutes les personnes qui le connaissent l'ont trouvé préférable à ceux employés jusqu'à ce jour. Ce pot, qui contient un peu plus d'un quart de chopine [environ 120 ml], a la forme d'une urne ; son col est très-alongé, et prend naissance à la base même du vaisseau ; l'extrémité du goulot se termine par une prééminence en forme de coeur, percé de trois ou quatre petits trous, et recouvert d'un morceau d'étoffe très-fine, et mollement attachée, que l'enfant prend dans sa bouche, comme il le ferait du sein de sa mère, et dont la succion devient aussi fatigante pour lui que celle du mamelon. Cette espèce de biberon ne le mouille pas du tout, et il est obligé de prendre autant de peine pour chaque goute de lait qu'il en exprime, que s'il tétait réellement.

Extrait des pages 60 à 62

Un bien étrange ustensile s'est vendu, il y a peu, sur le site Expertissim. Présenté comme tabatière, ce qui est tout à fait possible, on peut pourtant imaginer une autre utilisation. La tétine arrière (absente des autres objets estampillés "Tabatière" de ces époque et matière), la taille, l'apparence générale (bouteille zoomorphe) ont attiré mon attention. Tabatière, récipient à poudre ou biberon ? Difficile de trancher...

Tabatière en buis en forme de chien couché, la queue en tire bouchon. Décor gravé et clouté de fleurs de lys. Pulverin en corne.

Signé Julien Roux et daté 1822.

Manque la patte antérieure gauche.

Longueur : 12,5 cm

En 1822, le biberon est avant tout, nous venons de le rappeler, artisanal : pot en terre, poteries d'étain, ustensiles en bois et travaille de ferblantier, se partagent la maigre demande en la matière.

Bien que peu enclin à la collecte des biberons étrangers, ayant déjà fort à faire avec les productions françaises, voilà plusieurs années que j'attends l'opportunité d'acquérir un modèle limande en céramique "blue & white" du Staffordshire. Soit la "pattern" ne me plaisait pas, soit le prix était prohibitif... Ce modèle, quoiqu'assez onéreux, répondait à mes attentes...

Origine : Angleterre - Staffordshire Dénomination : Blue and white Staffordshire nursing bottle Technique : Transfert (décalcomanie) Décor : Paysage "italien" à la manière des céramiques chinoises Vers 1850 L : 180 mm - H : 45 mm Pour un petit tour d'horizon de ces modèles je vous renvoie au bulletin 18 saison 1 de 2004. Détail du transfert

Vers 1850 - H : 140 mm - Cont. : 120 ml

Ce rare modèle en bois est probablement originaire d'une des régions montagneuses de France (modèles ariègeois ou alpins connus). Les modèles répertoriés, qu'ils soient zoomorphes, limandes, pots à bec ou gourdes comme ici, sont produits pour répondre à une demande ponctuelle et fabriqués avec les matériaux et le savoir faire locaux.

Si quelques spécimens sont richement ouvragés, la plupart du temps, simplicité et robustesse étaient privilégiées. Ici une simple gourde façonnée sur les modèles méplat à pans en verre.

La collerette servant à fixer le fil qui maintient le système de succion (éponge, drapeau ?) et la contenance laissent peu de doute quant à l'utilisation de l'objet.

Un bel exemple d'artisanat, contemporain, sans doute, des biberons en verre de la deuxième partie du XIXème siècle.

Très intéressant document qui présente les grandes marques du milieu du XXème, on y retrouve les moulés sans pas de vis, les modèles à bagues vissées, et les sérigraphiés :

Bib'49, Epy (et Epy Baby), Gloria, Mont-Blanc, Nestlé, Pyrex et Rémond.

Chaque marque connait plusieurs déclinaisons (formes, systèmes de fermeture...).

Plus étonnant ce ne sont pas moins de vingt-deux marques de tétines qui sont proposées !

Voilà qui devrait donner du travail et de la matière aux spécialistes des tétines et/ou de la période.

Rare modèle signé