Voilà quelques années, je faisais la connaissance "virtuelle" d'une collectionneuse qui nous faisait profiter de ses trouvailles via quelques clichés. Ces images sont toujours présentes sur les pages dédiées aux collectionneurs. Depuis ce temps plus de nouvelles... Et puis un petit mail de relance et voilà le lien qui se renoue...  Lise nous revient donc avec de nouveaux objets et agrémente sa présentation d'un petit texte. Tout ce que j'aime ! Merci !

"Mon conjoint vadrouille tous les week-ends de brocantes en brocantes à la recherche d'objets d'art populaire. Je l'accompagnais régulièrement mais avec moins de passion.
Le déclic a eu lieu quand je suis devenue maman et je ne saurai en fait expliquer réellement pourquoi...

J'ai toujours aimé le verre soufflé (attrape mouches, abreuvoirs à oiseaux si on parle d'objets anciens, pâte de verre si on parle d'objets plus décoratifs et plus récents type Daum) mais tout s'est enclenché à la braderie de Lille il y a 8 ans.

Nous étions tombés sur une curiosité sur un stand de la braderie de Lille et mon mari était tombé sous le charme d'un objet qui s'est révélé être un limande. Après de longues hésitations (le limande était aux alentours de 100€ et ne connaissant absolument pas cet objet), nous nous sommes décidés à l'acheter...au moment de payer, nous avons découvert que l'étiquette cachait en fait une fêlure...et comme nous n'achetons que des objets en bon voire en excellent état, nous sommes repartis bredouille... C'était sans compter les puces de Metz...Quelques semaines après cette déception, nous sommes rentrés de Metz avec notre premier limande. Ensuite tout s'est enchainé, nous avons découvert votre site, quelques documents et livres, et puis pour rehausser un peu la collection de couleurs, des brochures et quelques petits objets sur la petite enfance... Aujourd'hui, je dois avouer que c'est mon mari qui trouve le plus d'objets..."

Darbo au début des années 1830, c'est un peu comme Robert quarante ans plus tard. L'un et l'autre laisseront une empreinte si forte que leurs noms seront synonymes de biberon. On ne compte plus les ouvrages qui, dans les années 1840, évoquent le Darbo (pièces de théâtre, romans, caricatures...). Dix ans après Mme Breton, le biberon de ce tabletier va monopoliser le marché de l'allaitement à la main. Les premières évocations élogieuses de ce biberon se trouvent dans l'ouvrage de Deneux (DENEUX (L.C.), Mémoire sur les bouts de sein, ou mamelons artificiels et les biberons, Just-Rouvier, Paris, 1833). L'année suivante, plusieurs ouvrages en vantent les mérites, on trouve notamment un article dans une notice commerciale :

Planche 10

"N° 192. - M. DARBO Fils, marchand tabletier, passage Choiseul, n°6 ; seul breveté d'invention et de perfectionnement pour les biberons et les bouts de sein.
L'allaitement artificiel vient de faire un pas immense par le moyen des bouts de sein et biberons-Darbo, à mamelon en liège élastique très souple, facilitant la dentition, remplaçant parfaitement les organes du sein naturel, les seuls reconnus incorruptibles et approuvés pour toutes sortent de bouts de sein et biberons, par M. le docteur Deneux, d'après son rapport fait à l'Académie de médecine de Paris dans les séances des 12 et 19 février 1833 ; ainsi que par MM. [s'en suit une liste de dix-neuf sommités médicales dont un certain Baudeloque] etc... Ces témoignages attestent la supériorité des biberons-Darbo sur ceux en tétines de vache. [...]
On trouve chez M. Darbo les biberons d'ivoire 10 f. ; biberons en buis 5 f. ; bouts de sein en ivoire 8 f. ; bouts de sein en buis 4 f. [...]."

Notice des produits de l'industrie française, Everat, Paris, 1834

On retiendra ici l'ingénieuse et très commerciale idée de Darbo qui invente un système adaptable à tous les modèles préexistants, permettant ainsi aux utilisateurs de conserver leurs flacons et d'y adjoindre le système en liège élastique du tabletier. Ajoutons à cela la condamnation de l'ancien système à pis de vache mis au point par Breton et l'on aura ici les clés du succès de ce biberon.

Gravures extraites de  :
Colombat de l'Isère (Marc), "Dictionnaire historique et iconographique de toutes les opérations et des instrumens, bandages et appareils de la chirurgie ancienne et moderne", Paris, 1836

10 : Pompe de sein de M. Darbo - 11 : Biberon du même

Parmi les nombreux ouvrages décrivant le biberon Darbo j'ai retenu l'approche d'un bulletin commercial de 1835 :

"M. Darbo a apporté, en plus de l'invention d'un mamelon en lège creux, un autre perfectionnement qui est fort important, en y adaptant un mécanisme simple et ingénieux qui facilite l'entrée de l'air atmosphérique dans l'intérieur de la bouteille, au fur et à mesure que le lait en est aspiré par l'enfant.

Le biberon de M. Darbo se compose d'un flacon de verre épais, auquel on adapte un bouchon en ivoire ou en buis qui reçoit le mamelon en liège creux. Dans l'intérieur de ce bouchon se trouve une tubulure qui est fermée par un morceau de jonc poreux ou rotin, qui permet à l'air extérieur de s'introduire dans le flacon, sans néanmoins que le lait puisse sortir par l'ouverture destinée au passage de l'air. Cette ingénieuse disposition recevra sans doute plusieurs applications dans les arts.

Le service du biberon de M. Darbo est commode et facile ; on peut le nettoyer très bien et en peu d'instants ; on peut remplacer pour un prix très modique la tige de rotin, ainsi que le mamelon. En cas de fracture de la bouteille, on peut faire usage d'un autre flacon ordinaire, avantage que ne présentent pas les bouteilles à tubulures."

Bulletin de la société d'encouragement pour l'industrie nationale, Huzard, Paris, 1835

Ci-dessus : Biberon Darbo

Brevet n° 482 - 25 octobre 1837
Maison DARBO aux singes verts 86 passage Choiseul Paris inscrit dans la masse sur une face et Dernière invention des biberons SPIRALE DARBO Brevet de 15 ans Médaille d'argent sur l'autre.

Ci-contre :

Extrait du catalogue pharmaceutique Dorvault 1862

Voilà deux modèles dont je suis particulièrement fier. Les petits pots de fer blanc sont extrêmement difficiles à trouver, leur nature périssable et le peu d'intérêt qu'ils représentent aux yeux des collectionneurs, qui y préfèrent les modèles similaires en étain, les rendent presque introuvables.

Le Musée de l'assistance publique en présente deux modèles tout à fait comparables. Ces timbales à longs becs et bourrelets tétines sont, selon le livre de M.C. Delahaye "Tétons et tétines" originaires de L'Aisne. Ce deux modèles présentent de belles soudures à l'étain et un bourrelet marqué par le travail de petites dents...

Biberons "Burettes" en fer blanc de l'Aisne.
Petits pots à bec terminé par un bourrelet tétine avec anse.

Image de gauche : H : 70 mm - L : 120 mm - Diamètre base : 60 mm - Cont. : 120/130 ml
Image de droite : H : 70 mm - L : 150 mm (avec anse) - Diamètre base : 70 mm - Cont. : 120/130 ml

Deux modèles similaires sont présents dans les vitrines du Musée de l'Assistance Publique et repris dans l'ouvrage de MC Delahaye page 74.