Ce poinçon figure dans les ouvrages de Tardy, très
approximativement dessiné et sans identification. Nous
donnons ici pour la première fois le nom de son
utilisateur ainsi que quelques renseignements
biographiques le concernant.
PILORGET Jean-Baptiste (ou Jean-Baptiste-Augustin). Fils
de Nicolas, berger à Chatenay, proche Louvres-en-Parisis
(aujourd'hui dans le département du Val d'Oise), et de
Marguerite COMPIÈGNE (soeur d'Antoine COMPIÈGNE, maître
potier d'étain à Paris en 1767), il se marie dans la
capitale en 1789 avec Thérèse-Antoinette MAGNY, fille
d'un bourgeois de Paris, dont la dot était de 600
livres.
Il est alors " compagnon potier d'étain " (son oncle,
Antoine COMPIÈGNE, est mentionné comme témoin dans son
contrat de mariage, mais rien ne permet d'affirmer qu'il
travaillait chez lui), et demeure rue au Maire, paroisse
Saint Nicolas des Champs. En 1803 il est domicilié " rue
du Petit Lion Saint Sauveur, n°29, division de Bon
Conseil " (sa profession n'étant pas indiquée dans
l'acte concerné). Cité en 1804 à la même adresse comme "
marchand potier d'étain patenté ". La date précise du
début de son activité n'est pas connue mais se situe
dans les dernières années du XVIIIème siècle
Le
premier Almanach du commerce de Paris conservé est celui
pour l'an VII (1798-1799) : il mentionne " PILORGET "
dans la rubrique " potiers d'étain " au n°14 de la rue
Tireboudin, division de Bon Conseil ; on le retrouve
ensuite, dans celui de 1809, établi 132 rue Saint
Antoine, et enfin au n°136 de cette même rue (1820).
Encore mentionné à cette dernière adresse en 1831, il
n'est plus cité en 1833 (l'année 1832 étant en déficit).
Quelques remarques sur son
poinçon :
Jean Baptiste Pilorget, compagnon en 1789, a connu les
vieux usages de la Communauté des maîtres potiers
d'étain de Paris. Après s'être établi à son compte dans
les dernières années du siècle, s'il utilise un poinçon
en forme de losange, qui n'apparaît qu'à partir de
l'extrême fin du XVIIIème siècle pour se généraliser au
siècle suivant, il y fait encore figurer dans sa partie
supérieure une " devise ", c'est à dire un symbole
particulier destiné ici à évoquer son nom. Il s'agit
d'un mortier accompagné de son pilon, rappel de ces "
armes parlantes " si fréquentes sur les poinçons des
anciens maîtres parisiens. En outre, il se conforme
toujours à la pratique parisienne traditionnelle
consistant à insculper deux fois son poinçon pour
indiquer que l'objet est fabriqué en étain fin.
Sources :
Archives Nationales, Minutier Central des notaires :
contrat de mariage du 26 novembre 1789 CVII, 634, avec
les prénoms " Jean Baptiste " ; donation mutuelle du 7
pluviôse an XI - 27 janvier 1803 XIII, 520, avec les
prénoms "Jean Baptiste Augustin", sans indication de sa
profession ; inventaire après décès de la veuve du
potier d'étain Nicolas BOICERVOISE du 18 brumaire an
XIII - 9 novembre 1804 XXXIX, 685, avec les mêmes trois
prénoms, dans lequel il intervient pour donner son avis
sur la prisée des marchandises et ustensiles de la
profession.
Bibliothèque Nationale de France : Almanach du
commerce de Paris pour l'an VII
Archives de Paris : série des Almanachs du
commerce de Paris à partir de 1805
Publication dans le bulletin n°41 (juin 2012) de
l'Association des Amis de l'objet d'art Savant Populaire