Bibérophilie - Saison 2 - 08 - Mercredi 01 février 2006

1 - Les premiers biberons

2 - Nouvelles de l'association

3 - L'insolite du mois

4 - Expertises

5 - Ventes du mois

Échanges / La page des collectionneurs / Archives / S2-08

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PETITE HISTOIRE DU BIBERON - Les biberons d'Ingrid et Ludovic

Les biberons d'Anne

Les biberons d'Éric

The American Collectors of Infant Feeders (USA)

The history of the feeding bottle (UK)

Medizinhistorisches Museum (Lux)

1 - Les premiers biberons

Les premiers instruments « fabriqués » pour l’allaitement artificiel sont originaires de Russie, d’Allemagne, de Suisse ou encore de Hollande ou d’Angleterre et sont réservés aux couches aisées de la société. 

Ils peuvent être des adaptations du cornet primitif en argent ou en verre, ou des ustensiles tournés en bois ou en étain. Les petites gens se contentent quant à eux du cornet naturel.

M. Thouret, dans un article daté de 1790 [1], nous brosse ainsi quelques modèles : 

« Les gens riches & les bourgeois, tant en Angleterre qu’en Hollande & en Allemagne, en Suisse & ailleurs, se servaient pour leurs enfants de biberons d’argent, d’étain, de bois ou de verre. Ceux d’argent & d’étain étaient en façons de burettes ou de théières. On garnissait l’orifice du bec, ou d’un bouchon de liège, qu’on perçait dans la longueur pour y tenir un petit tuyau de verre par où le lait coulait dans la bouche de l’enfant, ou de parchemin, selon la méthode des suisses & des anglais. »

Il est intéressant de noter ici que le biberon d’étain présenté ressemble plus à ce que l’on considère aujourd’hui comme biberon de malade (revoir le catalogue Perret - bulletin 05 saison 2 - sous la référence 154) qu’à la représentation de type balustre du 17ème. Remarquons aussi l’usage du parchemin pour terminer le bec et facilité la succion et non du drapeau en tissu.

Les biberons en bois mentionnés, peuvent être ceux présents dans plusieurs peintures sociales ou religieuses de la fin du moyen age. Leurs formes balustres ou droites sont comparables à celles des biberons d’étains qui font leur apparition aux 16ème et 17ème siècles. La collection Dufour du Musée de Fécamp conserve trois exemplaires [2] de ce type, mais ayant peut-être été réalisés récemment. La matière périssable et l’excellente conservation de ces spécimens, peuvent en tout cas le laisser supposer même si Marie-Hélène Desjardin [3] écarte cette possibilité : 

« Nous excluons cependant cette hypothèse simplement parce que les quelques répliques de la collection sont habituellement mentionnés clairement comme « fac-similés » dans l’inventaire manuscrit, ce qui n’est pas le cas ici. »

La France ne semble pas s’intéresser officiellement au sujet avant la deuxième moitié du 18ème siècle, c’est ce qu’indique M. Thouret [4]. L’allaitement artificiel n’est alors envisagé, comme au Moyen Age,  que dans des circonstances très particulières, à savoir de mauvaises conditions de vie de la mère ou une malformation physiologique, associés à une impossibilité d’avoir recours aux soins d’une nourrice. Ce n’est que dans ce cas de figure que Thouret indique : 

« [...] alors on serait obligé de recourir à l’allaitement artificiel. » 

Pourtant ces rares cas n’étaient pas suffisamment nombreux pour qu’on se penche plus avant sur ce problème et l’allaitement artificiel reste marginal. Ce n’est qu’avec la croissance du nombre d’enfants abandonnés, due aux difficultés sociales de la fin du 18ème, que l’allaitement artificiel à grande échelle fut envisagé et que l’objet associé fut étudié. Ces enfants étant à charge de l’état, des solutions devaient être trouvées pour les nourrir.

En 1790, Thouret semble donner l’avantage aux pays voisins en terme de recherches et écrits à ce sujet : 

« Ce n’est que depuis une époque assez moderne que les auteurs se sont occupés avec quelque détail de cet objet important. M. Baldini en Italie [5], M. Underwood en Angleterre [6], en Russie M. Betsky, en ont parlé avec soin.»[7]

Le premier essai français « à grande échelle » daterait de 1758-1759 et se déroulerait à Paris grâce à un magistrat du nom de Chamousset. Plusieurs expériences similaires nous sont rapportées au cours des années 1770 à 1780. On relève ainsi, en 1763, une tentative à l’hôpital de Rouen ; deux autres en 1765 et 1770 à Paris sous la conduite de M. Bellet, qui installa son établissement au château de Vincennes et fit venir des femmes de Saxe « expérimentées dans cette partie ». Pour ces premières tentatives, on utilisa en premier lieu les fameux cornets russes que Thouret nous décrit avec force détails et dont il évoque la facture artisanale : 

« [...] j’ai parlé d’une pratique particulière à ce pays [Russie], & dont j’ai été témoin, qui peut être fort avantageuse pour faciliter aux enfants nouveaux nés, l’allaitement artificiel. On coupe le téton ou pis d’une vache, dont on applique l’extrémité sur une corne de boeuf, percée d’un petit trou à la partie la plus déliée, ou bien sur une machine d’argent, d’étain ou de verre, qui, ayant à peu près la même forme, peut servir au même usage. On laisse pendre le mamelon du pis de la vache au dessous de la corne de la longueur d’un pouce et demi ; on empli le vase de lait tiède, on le présente à l’enfant, qui croit téter la mère, & se plait beaucoup à recevoir cet aliment substitué de cette manière ; on tient perpétuellement le mamelon de vache dans l’eau, & il peut s’y conserver ainsi des mois entiers, sans subir aucune altération.»[8] 

Il nous parle également de « rouleaux », utilisés à Lyon et Paris, qui seraient en fait de petites fioles ou bouteilles de verre, dans le goulot desquelles on introduisait des éponges fines qu’on couvrait d’un linge très propre. Ces tétines dépassaient suffisamment pour une succion au mamelon. 

Pourtant ces premiers essais ne furent pas satisfaisant pour les commissaires de la faculté de médecine de Paris qui y préféraient la cuillère ; ceci au regard du taux de mortalité élevé, des muguets, diarrhées ou autres conséquences néfastes pour la santé de l’enfant. Certains hospices, tel celui de Vaugirard, vont néanmoins conserver cette méthode avec un succès satisfaisant et vont permettre à l’objet de se développer au cours des années qui suivront...

En 1786, Felipo Baldini propose, dans son célèbre ouvrage sur l’allaitement à la main[9], un modèle en verre particulièrement intéressant qu’il présentait comme un « vaisseau qui tenait lieu de mamelle », dont les enfants pouvaient sucer le lait peu à peu sans courir le risque d’être suffoqués. C’est peut-être ici l’une des première tentative de tétine régulée avec obligation de succion réelle pour l’enfant. Ce biberon était conçu en deux parties bien distinctes, le corps en forme de poire au cou allongé et la boule tétine. Thouret en expose le principe, pourtant assez simple, de manière fort complexe : 

« C’était une vessie de cristal ou de verre, dont l’embouchure était formée par un globe creux, de métal doré, afin qu’il ne put s’y amasser ni rouille ni vert-de-gris. Ce globe se séparait en deux hémisphères, dont l’un était fixé au corps même du vaisseau, l’autre s’y réunifiait au moyen d’une vis. On plaçait une éponge qui remplissait la capacité du globe, & dont une portion allongée en forme de mamelon sortait par une ouverture circulaire faite à l’hémisphère supérieur du globe. On fermait alors le globe, en réunissant cet hémisphère supérieur, & l’assujettissant au moyen de la vis. »

Image empruntée au site http://medphoto.wellcome.ac.uk/ 

Ce système présentait l’avantage de maintenir l’éponge sans trop la compresser en laissant ainsi venir le lait de manière plus « naturelle ». Encore une fois ce flacon n’était pas destiné au plus grand nombre, et donc peu exploitable dans le cadre d’un allaitement artificiel de masse. Baldini proposait « pour les pauvres » de suppléer à son instrument en employant une petite bouteille dans le col de laquelle on aurait introduit une petite éponge recouverte d’une peau de chamois percée d'un orifice afin d’y laisser passer un petit bout de l’éponge. On retrouve ici le principe du rouleau évoqué plus haut.

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[1] [4] [7] [8] [9] M. Thouret, L’allaitement in Encyclopédie méthodique de médecine, par une société de médecins, Paris, Panckouche, 1790

[2] Numéros d’inventaire FEC. 1065 à 1067

[3] Conservateur du patrimoine - Musées municipaux de Fécamp

[5] F. Baldini, Manière d’allaiter les enfants à la main, au défaut des nourrices, traduit de l’italien, Paris 1786

[6] Underwood, Traité des maladies des enfants, avec quelques avis particuliers pour ceux qu’on nourrit à la main, fin 18ème siècle

2 - Nouvelles de l'association

Anne me fait parvenir le détail de la prochaine rencontre bibérophile de Bois d'Arcy.

L'Association "GUTTUS et GALACTOPHORES, biberons et allaitement au temps passé" organise une bourse-exposition sur le thème du biberon, le samedi 8 avril 2006, au Centre Culturel de Bois d’Arcy, dans le département des Yvelines (78).

Pour se rendre à Bois d'Arcy par divers moyens de transports, veuillez consulter cette adresse web : http://edmba.free.fr/contacts.htm.

Quelques mots sur la journée, sachant que l'entrée des visiteurs et/ou collectionneurs est ouverte à tous et gratuite :  

- à 10h, ouverture de la bourse-exposition, avec accueil (café et petits gâteaux), 

- à 12h30, un apéritif sera offert. Les collectionneurs présents et qui le désirent pourront alors aller déjeuner ensemble dans un restaurant non loin. Le règlement du repas sera à la charge de chaque participant, 

- à 14h jusqu'à 17h réouverture de la bourse-exposition.

Pour toutes questions, vous pouvez prendre contact auprès de :

Eric Thiébaud, Président de cette association ericthiebaud@wanadoo.fr

Angélique Lerat, Trésorière de l’Association ange.l14@wanadoo.fr

Anne Lannel, Secrétaire de l’Association annelannel@yahoo.fr

Venez nombreux !

.3 - L'insolite du mois

Étrange modèle en étain présenté à la vente sur e-bay. Ce biberon ne présente que peu de similitudes avec les spécimens répertoriés dans les ouvrages de référence. Il ne comporte pas de poinçon, mais une marque de "frise" au fond.

Michel Shonn est plus que sceptique :

Je n'ai jamais vu un biberon en étain semblable. Cet objet ne m'inspire pas ! [...] Tout compte fait, faute de tenir l'objet entre mes mains je donnerais un avis très réservé [...] Cependant le vendeur m'a indiqué, comme à vous, qu'il y avait comme une trace "de frise". Ce détail confirme mes doutes : la "frise" est certainement une soudure en bordure du fond ce qui indique qu'il a été rapporté sur le corps de l'objet. Une telle technique de fabrication ne peut se rencontrer sur un objet ancien authentique. Ce biberon est donc un faux.

Tout comme Guy Gaboriau :

L'absence de poinçon est un peu curieuse, il existe des faux et ce modèle, bien que l'on en connaisse des démontables à trois éléments, me fait fâcheusement penser à ces "aspersoirs" que les ... coiffeurs utilisaient pour mouiller les cheveux !

Prix final 375 euros !

4 - Expertises

    a - J.P. Deschamps, le voyageur bibérophile, soumet à vos avis éclairés ces poteries originaires d'Afrique du nord :

L : 225 mm - Diamètre des sphères = 84 mm

L = 126 mm - Diamètre des sphères = 50 mm

Je vous adresse 2 photos de "biberons berbères" achetés au Maroc, dans un site très touristique de FES où je les vois depuis plusieurs années, chez un seul marchand alors qu'à cet endroit les vendeurs de poteries sont légion (je vais très souvent au Maroc). Je me pose plusieurs questions. D'une part je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'objets anciens ; ce sont peut-être des copies, mais peu importe.

Ce que je voudrais surtout savoir, c'est si des ludogridistes ont connaissance de ce type de récipients en terre, de facture typiquement berbère, ou kabyle, constitués de 2 à 4 sphères réunies et communiquant entre elles, et dont les mères muniraient l'un des orifices d'un fragment de roseau formant tuyau pour faciliter la succion de l'enfant.

Pour ma part ces poteries me font penser à certaines lampes à huile. Exception faite des sphères, qui peuvent être considérées comme de petits réservoirs, l'objet me semble assez proche tout comme les décors peints. LA poterie ci dessous était proposée il y a peu à la vente :

Lampe à huile

terre cuite

L = 200 mm - Hauteur = 110 mm

    b - Bouteille en grès

"Biberon"  en grès d'une seule pièce

H : 140 mm - Cont. : 120 ml

Dans un précédent bulletin ce pot en grès avait susciter les hypothèses suivantes : pot à pharmacie, essai de potier, bouteille à encre.

Le modèle de droite était proposé sur e-bay en tant que bouteille individuelle destinée à conserver la bière.

Il s'agirait en quelque sorte de l'ancêtre de la canette de bière...

la contenance, la fréquence et l'apparence ne vont pas à l'encontre de cette idée...

Hauteur : 160 mm

5 - Résultats de ventes janvier 2005

Artisanat 19ème

Date Type Marque - Modèle Plus value / moins value Prix
18-janv-06 Balustre en étain A. Compiegne 1767 e-bay Canada 335,00 €
19-janv-06 Limande verre soufflé     81,00 €
19-janv-06 Limande verre soufflé     86,00 €
21-janv-06 Droit en étain 3 parties Faux ? cf. Insolite du mois 374,50 €

Verre industriel 19ème - 20ème

09-janv-06 Tire-lait biberon JB En boite 42,50 €
13-janv-06 Bout de sein ABC En boite 20,00 €
19-janv-06 Tire Lait Type Laroche Avec tétine os 10,00 €
19-janv-06 Méplat à pans  Robert flexible 1873 Complet avec couvercle 74,00 €
21-janv-06 Sabot de poupée  Robert perf sans tube Avec tétine 33,00 €

Moulés et sérigraphiés 20ème

19-janv-06 Biberon sérigraphié marron Nestlé petit modèle 5,50 €
29-janv-06 Biberon sérigraphié marron Nestlé sous plastique avec notice 39,00 €
29-janv-06 Biberon sérigraphié rouge Epy   15,00 €
30-janv-06 Biberon sérigraphié marron Nestlé   2,50 €

Documents et divers

09-janv-06 Revue moderne Aladin 24 - 1989   2,00 €
10-janv-06 CPA bébés multiples Long tuyau   3,00 €
11-janv-06 CPA ville de Vichy avec publicité Robert sans tube   3,50 €
20-janv-06 Publicité pour tétine Robert   3,55 €
21-janv-06 Livre : Pour élever les nourrissons Larousse 1910   27,00 €
22-janv-06 Chromo début 20ème biberon à tube Th. Hervier   10,00 €
28-janv-06 CPA Bébés avec papa Flacon à tétine - 1910   4,01 €
30-janv-06 Catalogue commercial Robert   35,50 €

Prochain bulletin le 05 mars.

A bientôt

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