1 - Le biberon cette année-là
: 1855 |
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Voilà une nouvelle
rubrique qui, à partir d'une année choisie par le biais d'un document , fera
le point sur les avancées, changements, ayant marqué l'histoire de la
petite fiole de bébé... 1855... Au milieu du XIXème, le
biberon de Mme Breton reste la référence et si certains procédés "nouveaux"
font leur apparition, le bout de sein en pis de vache naturel est préconisé
par bon nombre de médecins... |
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commerciale - 1830 |
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Procédés
pour faire des biberons - d'après Pariset, "Manuel de la Maitresse de
Maison", 1855 [...]
vous introduirez le lait au moyen d'un biberon ordinaire, sorte
de tasse plate demi-couverte et pourvue d'un long goulot au bout
duquel on adapte une fine éponge, ou bien un morceau de linge, qui
doivent être l'un et l'autre tenus dans la plus grande propreté.
Mais si vous voulez mieux faire, si une indisposition de quelques
jours d'interrompre l'allaitement pendant cet intervalle, vous devez
absolument avoirs recours aux biberons ou bouts de sein artificiels,
que Mme Breton sage-femme à Paris, a mis en usage depuis
quelques années. Plusieurs médecins (entre autres Mr Ratier, dans sa
médecine domestique) donnent les plus grands éloges à cette
intervention. Voici, dit ce docteur, en quoi elle consiste : un
flacon de cristal est percé, vers les trois quarts de sa hauteur,
d'un petit trou destiné à permettre l'introduction de l'air,
absolument comme le fausset que l'on met aux tonneaux. A ce flacon
s'adapte un bouchon fermé à l'émeri ; ce bouchon percé au centre
d'un petit trou est surmonté d'un mamelon artificiel ayant tout à
fait la forme, la grosseur et la souplesse d'un pis de vache. Le
flacon rempli, le lait pressé par l'air extérieur passe à travers
l'étroit conduit du bouchon dans le pis de vache que l'enfant suce
exactement comme si c'était le pis naturel.
Mais ces
mamelons sont coûteux, mais ils doivent se renouveler de temps en
temps, mais lorsqu'on habite la province, il est désagréable et
dispendieux d'avoir toujours à s'adresser à Paris, souvent
d'ailleurs on ne peut attendre... Mais l'utile "Journal des
Connaissances usuelles", qui vient au secours de toutes les
nécessités domestiques, qui déjà nous a rendu tant de services, va
nous être encore bien secourable en nous indiquant la manière de
préparer nous-mêmes ou du moins de faire préparer ces précieux
biberons par le premier pharmacien du voisinage.
On prend des
tétines de vaches ou de chèvres, qu'on se procure aisément chez tous
les bouchers, auxquels on recommande de les couper au niveau de la
mamelle. On introduit dans le canal qui donne passage au lait, un
fil qu'on arrête à la partie extérieure de ce canal, près du
bout libre du mamelon ; on ramène de dehors en dedans la peau
extérieure, puis, au moyen d'un bistouri, on détache tout le tissu
lamelleux serré qui rempli la tétine, ne laissant que la peau du
mamelon qui doit avoir deux à trois millimètres (une ligne à une
ligne 1/2) d'épaisseur ; on dégage avec soin le bout du canal
réservant à cette partie l'ouverture telle qu'elle est dans l'état
naturel. Ce tissu lamelleux, fort dur et fort épais, ne paraît
être que nuisible, et comme je l'ai dit, il faut l'enlever
complètement. Pour y parvenir, on peut retourner le pis sur un
morceau de bois de la forme de la tétine, fixer les bords de la peau
par quatre épingles, puis enfin disséquer avec précaution, tenant
d'une main le bistouri, et de l'autre la peau avec une pince. Quand
l'opérateur est exercé il retourne la tétine sur le doigt indicateur
de la main gauche, et dissèque avec la main droite armée de
l'instrument. |
L'opération terminée, on fait prendre chez un tanneur de l'eau
de seconde cuve, c'est à dire de l'eau de chaux dont
l'action est affaiblie par la macération des peaux ; on en
rempli un bocal, puis on suspend dans cette eau chaque pis
attaché avec un fil ; on les laisse ainsi baigner soixante
heures, et même plus sans nul inconvénient.
Après ce
bain, on retire chaque pis, on l'étend sur une planchette, on le
frotte d'un couteau de bois pour enlever l'épiderme ; on lui
donne le grain à l'aide d'une pierre à aiguiser trempée dans
l'eau (principalement la pierre à aiguiser le tranchant des
faulx). Cela fait, on retourne la tétine pour répéter la même
opération à la paroi interne, puis on la jette dans l'eau
fraiche, l'immergeant et la lavant dan plusieurs eaux
successives, jusqu'à ce que la peau ait complètement perdue le
goût de chaux. Si l'opération est bien faite, la tétine est d'un
blanc rosé, ferme, mais souple, élastique, et présentant un
mamelon de forme agréable. Alors on la place sur le flacon
précédemment décrit, [...]
Lorsque
l'on veut conserver ces mamelons, il faut les faire dessécher
sur un bout de bois plus petit qu'eux, afin qu'en se desséchant,
ils ne perdent pas une distension trop grande l'élasticité qui
fait tout leur mérite. Car cette qualité perdue, les deux parois
se collent l'une contre l'autre par l'action de téter, et le
lait ne pouvant plus arriver à l'enfant, il se fatigue et refuse
de téter. Quand vient le moment d'utiliser ces mamelons ainsi
séchés, on les fait tremper dans de l'eau 48 heures à l'avance
[...].
Pour
rendre plus rare le renouvellement de ces tétines, quelques
précautions sont nécessaires : 1. Il importe de ne pas rendre la
peau trop faible, car alors elle s'use très promptement, et
selon l'auteur de ce procédé, c'set le désagrément spécial des
tétines préparées à Paris. 2. Il ets essentiel de les maintenir
avec une propreté minutieuse, car faute de ce soin elles
contractent au bout de 8 jours un goût de lait gâté qui déplait
beaucoup à l'enfant.
Mr
Darbo fils, marchand tabletier, passage Choiseul, n°86, à Paris,
vient d'inventer un mamelon en liège, que monsieur le Dr Deneux
préfère aux mamelons précédents, parce que ces tétines
contractent une odeur d'aigre ; parce qu'elles sont d'un prix
trop élevé ; parce que la nécessité où l'on est pour conserver
leur souplesse, de les maintenir continuellement dans l'eau,
favorise leur décomposition, et contribue, selon ce médecin, au
muguet (maladie de la bouche), dont sont atteint les enfants
pour lesquels on fait usage de ces tétines de vache. |
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- "L'officine Dorvault" 7ème Ed. 1867 |
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En 1855, le marché
s'ouvre à quelques nouveaux venus parmi lesquels Darbo bien sûr, mais aussi le "couple" Jamet et Piquart ou encore Charrière, Leplanquais et Thiers
pour les plus connus... Madame Breton qui fut
pendant plus de vingt ans seule ou presque à proposer des appareils
d'allaitement doit désormais compter avec ces nouvelles figures de
l'allaitement artificiel. |
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Publicité commerciale - 1855
DORVAULT, Catalogue
pharmaceutique, Paris, 1862 |
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DORVAULT, Catalogue
pharmaceutique, Paris, 1862 |
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Pour
un tour d'horizon plus complet des modèles de cette époque, je vous renvoie
au
Catalogue Dorvault
et au
Recensement. |
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