"Mon premier biberon via "le Minitel" !"

« Quand je s’rai grande, j’veux être puéricultrice ! » : A l’aube de mes 10 ans, je me souviens encore prononcer cette phrase tout en feuilletant les catalogues publicitaires que ma maman avait reçus à la naissance de ma petite soeur quelques semaines auparavant.

Seulement mes études m’ont menée à l’informatique et plus particulièrement aux nouveaux moyens de communications dont j’en ai d’ailleurs fait mon métier. Ne riez pas mais... dans les années 80, le Minitel a révolutionné les mentalités. C’est d’ailleurs en tapotant un « 3615 » de petites annonces de collectionneurs que j’y ai trouvé mon premier biberon Pyrex complet (voir photo),  avec une tétine « à lèvres » enserrant un capuchon en verre bien épais. Je recherchais des verres doseurs de cuisine pour décorer mes étagères de cuisine. ..

Puis s’est imposée l’ère des « Autoroutes de l’information », c’est-à-dire Internet. J’ai recherché des « biberons gradués à l’ancienne » pour y faire téter ma fille. Grâce à ce fabuleux moyen de communication j’ai trouvé mes premiers biberons Rémond à 3 graduations avec des publicités, des logos et des indications partout ! Au fil des ans, d’amis, de collègues, de connaissances (je les remercie tous) ainsi que de chines et de sites d’enchères (dont certains n’existent plus), j’ai pu enrichir ma collection tout en privilégiant les échanges.

J’ai eu le plaisir de rencontrer Ludovic, sa famille... et ses biberons très anciens dont je ne connaissais pas l’histoire, un jour d’août chaud et orageux. Je suis repartie « sur un petit nuage »  grâce à un accueil chaleureux et également après avoir admiré  sa « star » à mes yeux (remplis d’étoiles) : son Mont-Blanc en boîte.

Je dispose de deux vitrines : une « virtuelle » c’est-à-dire mon humble petit site web. Il me permet de crédibiliser ce genre de collection originale auprès de mes interlocuteurs, malgré le fait que désormais ce type d’objets dits d’ « art populaire » fait l’objet de plus en plus d’amateurs. Et une vitrine standard où je les stocke par manque de place pour les exposer.  J’ai plaisir à les prêter (Musée du verre, mairies) tout comme ma documentation et mes autres objets tels que tétines ou chauffe-biberon.

Merci de m’avoir lue et au plaisir ! Anne

N'hésitez pas à aller jeter un oeil sur "la vitrine" virtuelle d'Anne : http://bibanne.wifeo.com

Pages 1 & 2

Superbe document que ce carnet de nourrice au biberon de 1911. Les carnets de nourrice apparaissent au lendemain de la guerre de 1870. Ils permettent d'établir un lien entre les nourrices, les médecins, les familles et des médecins inspecteurs. Ce livret de 56 pages, commun aux nourrices au sein, au biberon ou à la chèvre, témoigne d'une certaine avance de la région Basse-Normandie en terme de suivi pédiatrique et de protection de l'enfance. Fécamp et le Dr Dufour ne sont pas si loin...

Ainsi, en page 2, on note l'interdiction du biberon à tube par un arrêté du 9 décembre 1904 soit plus de 5 ans avant l'interdiction nationale.

"Article premier - A partir du 1er janvier 1905, il est formellement interdit aux nourrices, sevreuses, gardeuses du département de faire usage du biberon à tube pour l'élevage des enfants."

Les pages 10 à 23 reprennent les conseils aux mères du Dr Pinard (Cf. bibliographie : "La puériculture du premier âge").

Page 25

Les pages 24 à 27 détaillent les civilités et autres renseignements des nourrice et nourrisson. On apprend ainsi que la petite Hérel Marie Madeleine Célestine, née le 31 mai 1911, est placée en nourrice à Beslon chez Célestine Bosquet, cultivatrice, dès le 1er juin et qu'elle est fille de Hérel Marie Celestine servante à Villedieu.

Beslon est un petit village situé dans le département de la Manche. La commune s'étendait sur 17 km² et comptait 889 habitants en 1911, date de mise en nourrice de Marie Madeleine Célestine. Beslon est situé à 30 km au Sud-Ouest de Saint-Lô la plus grande ville des environs (cf. carte).

Villedieu (Villedieu-les-Poêles depuis 1962) est une petite ville située dans le même département. C'est le chef-lieu du canton. La commune s'étendait alors sur moins de 8 km² et comptait 3383 habitants en 1911. Villedieu est située à environ 7 kilomètres de Beslon.

La page 25 "Certificat délivré par le maire"  est particulièrement savoureuse, n'hésitez pas à cliquer pour agrandir le document !

En page 27 on trouve les conditions du contrat de placement, ici le salaire - 25 francs par mois - et les modalités - Biberon sans tube.

Les pages 30 et 31 (non renseignées ici) reprennent le décompte des paiements. Les pages 33 à 53 sont composées de coupons visites détachables à renvoyer en préfecture chaque mois par le médecin inspecteur. 24 talons signés témoignent de la mise en nourrice jusqu'en mai 1913, soit deux années pleines.

Enfin, les dernières pages sont destinées à recevoir les éventuelles observations lors de visites (hors contrôle mensuel) du médecin.

Ce document nous confirme que la mise en nourrice n'est évidemment pas réservée aux seules mères des grandes villes. Villedieu est une petite bourgade et la mère, servante, n'aurait sans doute pu garder son emploi et s'occuper de sa fille. On est ici dans le cas de figure le plus favorable à une mise en nourrice avec biberon, la proximité de la mère (moins de 7 kms), le suivi particulièrement rigoureux, l'utilisation du biberon sans tube, tout ceci accompagné de conseils d'hygiène et d'entretien.

On peut raisonnablement supposer qu'en dépit du placement dès le lendemain de la naissance, la mère se rendait régulièrement (de manière hebdomadaires ?) sur place. Les coupons mensuels, remplis et parties détachables absentes prouvent que tout a été fait selon les règles, et ce durant les deux premières années de vie de l'enfant. Il est probable que passé cet âge, l'enfant était sevrée et n'ayant aucune mention de quelques maladies que ce soit en fin de carnet, la petite Marie Madeleine aura rejoint sa mère à Beslon au terme de ces 24 mois.

Voir la page dédiée

Planche 12

Il y a de cela quelques mois (cf. bulletin S7-06), je vous parlais des catalogues pharmaceutiques et de leur importance pour le collectionneur, l'historien et tous ceux qui de manière ponctuelle ou continue s'intéressent aux objets de médecine ou de pharmacie et à leur histoire.

Ce petit article reprenait une image assez médiocre de l'excellent catalogue A. [pour Adolphe] Rainal  Fils Aîné, de 1875, qui propose plusieurs biberons de formes et systèmes très spécifiques, dont un spécimen en fer blanc. Jean-Pierre a eu la gentillesse de me faire parvenir une image numérisée de cette très belle planche 12...

L'histoire de cette fabrique se lit au fil de plusieurs catalogues qui inscrivent leur "parenté" en page de titre :

1 - Rainal père - Maison fondée en 1851

2 - Adolphe Rainal Fils Aîné (catalogue 1875) - 14 rue des archives Paris

3 - Ch. Benois - Successeur (catalogue 1880/90) - 70 rue des archives (ancien numéro 14) Paris

4 - Mermilliod - Probablement associé à Ch. Benois puis successeur (1890/1900)

5 - J. Bachelet - Successeur (catalogue 1910/20) - 5 et 10 rue Aubriot Paris

N'hésitez pas à cliquer sur la vignette pour profiter pleinement de ces magnifiques gravures en plein écran !

A ma connaissance, un seul autre modèle adopte cette forme et ce système, il s'agit du biberon Perfectionné à baïonnette Hiret,  Brevet n° 89656 du 16 avril 1870.