1 - Le biberon dans la peinture (suite)

Jean-Pierre enrichit le petit tour d'horizon du bulletin précédent par trois très belles représentations :

1 - P. Brueghel le jeune, "Le dénombrement de Bethleem", vers 1605, Bonnefantenmuseum, Maastricht		2 - Caspar de Crayer, "St Charles Borromée portant la comunion aux pestiférés de Milan", 1669, Musée des Beaux-Arts, Nancy
Un gros plan d'un détail du tableau de P Brueghel le Jeune, "Le dénombrement de Bethleem". Vers 1605, (Bonnefantenmuseum, Maastricht). Il s'agit d'une des 13 copies d'un tableau éponyme de P Brueghel l'Ancien vers 1566 (Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles). Un couple marche, le père tient l'enfant, et la mère porte en bandoulière le biberon en bois tourné, et, curieusement, l'épée.		Un gros plan d'un détail du tableau de Caspar de Crayer, "St Charles Borromée portant la communion aux pestiférés de Milan". Vers 1669. (Nancy, Musée des Beaux-Arts). Un nourrisson emmailloté porteur des stigmates de la peste gît à terre, sans doute mort, et il a lâché en agonisant le biberon en bois tourné qu'il tenait sans doute.
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2 - Hélène Schjerbeck, "Fillette bretonne", 1881, Helsinki City Art Museum
Un gros plan d'un tableau de la Finlandaise Hélène SCHJERBECK "Fillette bretonne" montrant un biberon-chevrette en terre cuite émaillée verte posé sur une chaise. La fillette tient un bol à soupe émaillé ocre. (1881) Helsinki City Art Museum

2 - Petite histoire des consultations de nourrissons et autres gouttes de lait

On sait l'importance de ces premiers "centres de pédiatrie" pour l'évolution du biberon dans les premières décades du 20ème siècle, il est donc intéressant d'en retracer l'historique au travers du travail effectué par Mlle Entz sous le patronage du Professeur Budin.

Les consultations de nourrissons ont été créées par Mr le professeur Budin dans le but de diriger l'allaitement, de le surveiller, de donner des conseils aux mères pauvres.
Dès 1892, avec l'autorisation de M. Peyron, directeur de l’Assistance publique, M, le Professeur Budin [Galactophore] organisa une consultation de nourrissons, à la Charité, avec le concours dévoué de Mr le Dr Chavanne, alors son interne. Voici, d'après le Dr Budin, comment elle fonctionnait :

« Les femmes qui ont accouché chez nous et qui habitent dans le voisinage de l'hôpital nous apportent leur enfant chaque vendredi. Cet enfant est examiné et pesé. Sur un registre spécial nous notons tous les renseignements qui le concernent et son poids y est inscrit nous pouvons ainsi établir sa courbe. Dans le cas où l'allaitement au sein est manifestement insuffisant, nous prescrivons une quantité variable de lait stérilisé que la mère vient ou envoie chercher chaque matin. Ce lait est fourni à nos frais. Dans quelques, cas même, la femme n'ayant pas de lait du tout, son enfant ne boit que du lait stérilisé. Chaque enfant a sa fiche sur laquelle nous marquons le numéro du registre, la date de naissance de l'enfant, son poids hebdomadaire, la quantité de lait qui doit lui être distribuée, etc… Cette consultation était donc fréquentée uniquement par les femmes accouchées dans le service. Habituées pendant leur séjour à l'hôpital à voir progresser la courbe de leur enfant, elles avaient déjà pu constater par elles-mêmes les résultats obtenus en réglant le nombre des tétées, la quantité de lait prise à chaque tétée, et elles étaient par ce fait préparées à une certaine docilité. »

Comme on le voit, le Dr Budin encourageait de toutes ses forces l'allaitement au sein et ne donnait du lait stérilisé que lorsqu'il jugeait que c'était .indispensable. De plus, afin d'encourager les mères à venir à cette consultation, il leur distribuait des layettes en récompense.

Ce premier essai donna des résultats très encourageants quarante-neuf enfants furent suivis régulièrement pendant les chaleurs de l’été de 1892. Sur ces 49 enfants : 28 étaient nourris au sein. 21 étaient à l'allaitement mixte ou à l'allaitement artificiel. On enregistra deux décès, celui du n° 82 du registre qui mourut d’une broncho-pneumonie tuberculeuse dans le service de M. Constantin Paul [Biberon des crèches - Nourricier - 1893], et celui du n° 110 qui était à l'allaitement mixte et qui fut pris brusquement de convulsions et succomba avant qu'on eût pu prévenir un médecin. Quant aux autres enfants ils ne présentèrent que peu ou pas de troubles intestinaux, tandis qu'en ville la mortalité de zéro à un an par gastro-entérite était de 136, 180 et 138 par semaine ! Ces résultats encouragèrent l’Assistance Publique à tel point que cette consultation, faite jusque-là aux frais du Dr Budin, fut reconnue officielle et inscrite à son budget.

En 1895, le Dr Budin fut nommé accoucheur de la Maternité ; il y créa une consultation analogue à celle qui fonctionnait à la Charité et, en mars 1898, appelé à succéder à M. le Professeur Tarnier comme Professeur de clinique d'accouchements, il en organisa une troisième à la Clinique de la rue d'Assas.
La consultation de nourrissons créée à la Charité en 1892, est dirigée actuellement, avec une compétence toute spéciale, par le docteur Maygrier. Le docteur Porrak continue également à faire chaque semaine la consultation de la Maternité. Voilà donc trois hôpitaux où chaque semaine : soins, conseils, lait, sont donnés gratuitement aux mères pauvres.

Depuis que le Dr Budin créé la première consultation en 1892, l’effort des médecins et des philanthropes s’est dirigé dans cette voie. Le docteur Variot [Flacon droit gradué]annexe une consultation de nourrissons à son dispensaire de Belleville en 1893. Le docteur Henri de Rotschild fonde son dispensaire de la rue Picpus en 1896. En 1896 également, le docteur Dubrisay père crée une consultation rue Jeen-Lantier. Le Conseil général de la Seine ne reste pas étranger au mouvement. Sur l'initiative de le sénateur Paul Strauss, dont le nom est associé à tout ce qui touche à la protection de l'enfance, une consultation est créée rue du Chemin Vert, le 1^er juin 1895. Cette consultation est confiée aux soins éclairés du docteur Chavane, tout particulièrement indiqué à remplir cette tâche par sa collaboration quotidienne avec le Dr Budin.

Le 1er avril 1898 le Conseil municipal en crée une seconde, rue, Ordener. De plus à la suite des remarquables travaux de la commission du lait et du rapport fait à la commission des crèches par une sous-commission composée des docteurs Variot, Madeleine Brès [Régulateur - Calotte sphérique - 1877] et Pierre Budin, rapporteur, le Conseil municipal décide de n'accorder à l'avenir de subventions qu'aux crèches qui feront usage de lait stérilisé. Enfin, le 1er mars 1899, sous la direction du docteur Napias, trois nouvelles consultations viennent d'être créées rue Saint-Benoît, rue La Rochefoucauld et rue Gauthey. 
Nous ne pouvons ici que rappeler le vœu formule par le Dr Budin, dans sa communication à, l'Académie du 25 juillet 1899, tendant à voir accorder aux docteurs Bonnaire, Bar et Boissard accoucheurs des hôpitaux, les consultations qu'ils demandent pour leurs services.

En province des consultations s'organisent également. En 1893, la municipalité de Dieppe s'occupait d'en fonder une et votait 2000 francs à cet effet ; malheureusement une nouvelle période électorale arrive, la municipalité est renversée et ses projets abandonnés.
En 1894, la municipalité de Grenoble accorda au docteur Berlioz les sommes nécessaires pour distribuer en été du lait stérilisé aux enfants pauvres.

A Fécamp, le Docteur Dufour, ignorant les essais faits dans d'autres villes, épouvanté de la mortalité considérable qui ravageait en été la population infantile de Fécamp, créa, en juillet 1894, une consultation de nourrissons qu'il appela la « Goutte de Lait ».

L'action de la « Goutte de Lait » s'exerce de la façon suivante, dit M. Dufour« dans la chronique du foyer » :

a) En donnant aux mères de famille tous les conseils et encouragements possible pour les engager à nourrir elles-mêmes leurs enfants au sein.
b) Toutes les fois que l'allaitement maternel ne peut être fait complètement et réclame le secours de moyens artificiels, l’œuvre fournit le lait de façon que l’enfant reçoive une alimentation mixte.
c) Quand il est bien avéré que la mère est dans l'impossibilité physique ou sociale de nourrir son enfant, l’Oeuvre se charge de préparer elle-même le lait qui est destiné à ce dernier afin d'éviter les fautes commises dans cette préparation et aussi afin d'assurer à l'enfant un lait de bonne qualité.

Tous les enfants du premier âge de la ville de Fécamp sont admis à bénéficier de l'Oeuvre de la goutte de lait. Ils sont répartis en trois catégories :
a) Section gratuite
b) Section demi payante
c) Section payante.

Dans la première sont inscrits les enfants pauvres. Dans la deuxième ceux des ouvriers. Dans la troisième les enfants des classes bourgeoise et riche. Les enfants de ces sections reçoivent le même lait préparé de la même manière et distribué dans un matériel semblable.

A l'étranger l'élan est également donné et M. le Dr Papapanagioton vient de créer à Athènes une consultation analogue, avec distribution de lait stérilisé.  

Donc dix consultations de nourrissons fonctionnent actuellement [1900] à Paris, deux en province, une à l'étranger. Espérons que conseils municipaux et les médecins, unissant leurs efforts, ces consultations vont devenir de plus en plus nombreuses.

D'après la thèse pour le doctorat de médecine "Consultations de nourrissons - Allaitement au sein et Allaitement artificiel" présentée et soutenue le 11 janvier 1900 par Mlle ENTZ à la faculté de médecine de Paris.

3 - L'objet du mois

Docteur Severin Icard, "L'alimentation des nouveau-nés", Hygiène de l'allaitement artificiel, Félix Alcan, 1894 Un autre ouvrage incontournable de la fin du 19ème siècle par le Docteur Icard dont on connaît le biberon et le verre éponymes. Les 324 pages de ce livre font une large place à l'alimentation artificielle et reprennent les figures de MM Auvard et Pingat en plus d'un certain nombre de gravures qui lui sont propre. Vous pouvez télécharger quelques beaux extraits de cet ouvrage (avec gravures de biberons) en visitant la page qui lui est consacré, page sur laquelle vous avez également la possibilité de télécharger au format pdf les 23 pages dédiées au seul biberon. Accéder à la page

4 - Nouvelles

A - Exposition à l'écomusée de Trélon L'exposition dont il était question dans un bulletin précédent et pour laquelle vous étiez mis à contribution pour le prêt d'objet, se tiendra du 2 juin au 26 octobre à l'écomusée de l'avesnois... Vous pourrez notamment y voir quelques biberons prêtés par Anne... Le mot de l'organisateur : Bonjour à vous tous, Ci-joint les documents de communication que nous venons de produire pour l’exposition (vous allez recevoir également un carton d’invitation par courrier). J’attire ton attention sur la date du vernissage, qui a changé malheureusement il y a deux jours ( !) - Attention vernissage le 4 juin ! Ps : si vous avez besoin d’un envoi de documents papier, n’hésitez pas à le demander à Murielle Herderich responsable de la communication (m.herderich@ecomusee-avesnois.fr) Merci à vous En espérant vous rencontrer au vernissage Cordialement Frédéric Hamaide Responsable des projets culturels écomusée de l'avesnois Tél. dir.: 03.27.60.88.25

5 - Résultats de ventes - Mai 2008

Artisanat 19ème

Verre industriel 19ème - 20ème

Moulés et sérigraphiés 20ème

Documents et divers

A bientôt

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