L'interview
du PDG Suzanne Bégon : j'ai inventé le biberon jetable
C'est
parfois après un échec qu'on a les meilleures idées. Après avoir déposé
le bilan de sa société d'informatique en 1996, Suzanne Bégon a une
idée géniale : créer un biberon jetable. Six ans plus tard, elle en
vend cinq millions par an en France.
Comment
avez-vous eu l’idée ?
Suzanne Bégon :
J’ai eu l’idée d’un biberon jetable quinze jours après la
naissance de ma deuxième fille. J’étais alors au chômage. Je
voulais créer un biberon pratique pour les repas, lors des déplacements.
Je voulais éviter le recours au stérilisateur, d'où l'idée d'un
biberon jetable à soufflet. Le produit s’appelle " Bibéon ".
Il peut aller au four micro-ondes, au chauffe-biberons et même
au congélateur.
Comment
avez-vous financé votre projet ?
S B : J’ai
fait une demande de subvention auprès de l’ANVAR mais le
produit était trop ambitieux pour eux. J’ai donc financé la mise
au point du produit seule, en partie grâce à la vente de mes biens
personnels.
Entre
l’idée et le lancement du produit, quatre ans ont passé…
S B : J’ai
travaillé à temps plein pour mettre au point le produit final.
Il fallait étudier la faisabilité économique et industrielle,
trouver les matières premières adéquates et homologuées. J’ai déposé
le premier brevet en 1998 et obtenu le soutien de la société Blédina
au début de l'année 1999. Plusieurs études marketing montraient un
réel potentiel de développement : 1 milliard de vente dans le
monde en 5 ans dont 250 millions en France. Blédina a donc pris une
licence de commercialisation exclusive de Stérilab pour la France et
la Belgique et a commencé l’industrialisation. Le lancement a eu
lieu en juin 2000.
Comment
s’est passé le lancement du produit ?
S B : Pour
Blédina, le produit devait se vendre tout seul. Pour cette raison, le
budget de lancement a été limité à 450 000 francs, sans vraie
campagne de pub.
Comme les capacités de production étaient insuffisantes, "Bibéon"
n’a été distribué que dans les magasins Carrefour.
Aujourd'hui, cela s'est amélioré. On peut également
acheter le "Bibéon" en pharmacie.
En
juillet prochain vous récupérez le contrôle ?
S B : Oui,
je vais enfin reprendre les rennes. C’est une grande frustration de
voir son invention sous exploitée. Le 1er juillet prochain, je vais
tout récupérer : de la propriété des brevets aux machines. Pour la
marque du produit, j’ai déposé " Tot&Trot "
et suis encore en négociation avec Blédina pour récupérer " Bibéon ".
Quels
sont vos projets ?
S B : J’ai
déjà inventé un autre biberon : le " Charlot’s ".
C’est un biberon jetable, à utiliser à domicile. Pour
l’instant, Nestlé le distribue avec son lait maternel dans les
maternités suisses. Mais il devrait être disponible en France dès
janvier 2003. Il sera vendu 0,30 euros maximum. Une grande
enseigne de distribution française est également intéressée pour
distribuer " Charlot’s " en marque de
distributeur. J’y suis assez favorable, ce serait une manière de
faire connaître le produit.
Quel
conseil doneriez-vous à un entrepreneur ?
Difficile
de donner un conseil. Essayer surtout de sortir du lot, d'apporter une
véritable valeur ajoutée et un réel avantage concurrentiel. Sinon,
il n'y a pas de justification à créer une entreprise. Les deux fois
où j'ai crée une entreprise, j'étais véritablement seule sur mon
créneau.
Lentreprise.com
| Mis en ligne le 05/08/2003